Dolpo - jour 14
6h40 de marche (pause comprise), dénivelé -1130/+200, altitude maxi 3690 m.
La nuit a été douce, nous avons eu chaud dans nos duvets. Ce matin le temps est de nouveau couvert, la brume est présente sur les hauteurs. Nous partons à 7h05, il fait 8°C et nous commençons par une belle petite montée, histoire de nous réchauffer et de nous mettre en jambes. D'ailleurs toute cette matinée de marche ne sera que monte, monte, descend, monte, monte descend. Mais les paysages de la gorge avec ces montagnes dans la brume rendront le parcours moins difficile tellement je les trouve beaux.
Nous traverserons la rivière, à trois reprises, par nos premiers ponts suspendus du Dolpo. Karma nous achètent 4 cocas dans une des tentes que nous croisons, est là, j'ai la surprise alors que je n'avais rien fait de particulier, de m'entendre dire par la bouche de Karma, que l'une des femmes me trouvait à son goût et qu'elle voudrait bien rester avec moi. Devant les protestations de Sonam, la femme revoit ses prétentions et dit que je la prenne alors comme cuisinière. Nous éclatons tous de rire et poursuivons notre chemin s’en la prendre avec nous.
Ceci dit nous apprenons que les femmes sont mariées à 80% d’office, sans pouvoir choisir le mari et elles doivent quitter leur famille pour vivre dans la belle famille. Sonam en conclut qu’il n’y a donc que très peu de couples amoureux. Cela la dérange en tant que femme de savoir l’absence de liberté de ces dernières. Par contre le divorce étant très mal vu, contrairement à notre société les couples restent fidèles, enfin ne divorce pas. La nécessité fait loi. Les enfants sont entourés de beaucoup d’amour par le père et la mère. Alors peut être qu’une femme qui n’est pas « casée » au sens propre veut-elle s’émanciper et partir avec un occidental pour mener une vie plus confortable ? Nous ne le saurons pas car nos questions restent sans réponse de la part de nos guides.
Nous poursuivons nos montées et descentes mais je trouve que les montées sont plus importantes que les descentes, d'ailleurs nous nous élevons de plus en plus de la rivière. Nous monterons assez haut et la rivière nous paraîtra bien loin au fond de la gorge. J'ai pris une photo mais je ne sais pas si cela sera représentatif de la vision réelle. À un moment nous redescendons, par un chemin en lacet abrupte, cela durera un bon moment et nous atteindrons de nouveau la rivière auprès de laquelle nous mangerons après 4h25 de marche, il fait 15°C et nous sommes encore à 3345m.
Précédemment je vous parlais de brume qui nous a accompagné tout au long de notre parcours, mais en fait, je me suis trompé, c'était tout simplement des nuages de mauvais temps. Certes le plafond des nuages était bas et nous haut, du coup on avait l'impression de pouvoir les toucher, et même à un moment j'ai cru que notre chemin allez entrer dans cette couche nuageuse mais un peu avant nous avons entamé la descente vers la rivière.
Juste à la fin de notre repas, la pluie vient précipiter notre départ, nous nous équipons rapidement et à 13h nous reprenons notre route. Notre chemin rencontrera plusieurs déviations du fait de glissements de terrain qui couperont le parcours initial et nous obligeant à des contournements.
La pluie légère heureusement ne durera que 30 min et après 2h15 nous arrivons à Laisicap, deux maisons seulement dont une de la police. Originalité de ce campement, l’équipe montera nos tentes sur le toit de la seconde maison ....
En réalité le toit des maisons au Dolpo est un lieu de vie. Les habitants observent, bavardent, les enfants jouent, les femmes battent l’orge, les hommes fument etc…il semblerait que le toit permette de se rapprocher des divinités, ils sont donc ornés parfois de talismans et toujours porteurs de drapeaux à prières.
Les gens nous ont accueilli avec moins de réticence que dans les montagnes. Il y avait un homme malade et qui a sollicité des médicaments. Le cuisinier a préparé le repas en utilisant des légumes cueillis dans un potager. Sonam a donné une savonnette à une jeune fille et elles ont échangé quelques mots en anglais, cette adolescente allait à l’école en temps normal mais la cueillette des champignons-chenilles rythme les vacances scolaires donc elle restait au village. Son père lui a pris sa savonnette, Sonam en a alors donné une autre à la jeune fille et à sa maman. Ce sont des petits cadeaux confidentiels, entre femmes et Sonam choisit à qui elle offre cette petite attention, en fonction de son ressenti avec la personne.
Demain, petite journée de 3h mais cette fois pas de montée mais de la descente, du coup nous lèverons le camp une heure plus tard.
Précédent - Suivant
